Ce que des auteurs ont publié...

La voici tout en noir, dans la salle du trône, au château royal, vêtue de la robe hongroise, garnie de dentelles; elle est l'image de la douleur. Un voile noir descend de ses cheveux sombres; épingles noires, perles noires et, dans tout ce noir, un visage blanc comme le marbre et d'une tristesse infinie. La mater dolorosa. [...] Le beau visage, ravagé par le chagrin, a gardé sa noblesse. C'est bien le même tableau, mais comme voilé d'un brouillard. [...] Elle reste pâle et immobile. L'orateur alors nomme la reine. Elle ne bronche pas; mais soudain retentit un grand éljen comme le château d'Ofen n'en a jamais entendu. On dirait une tempête de sentiments s'élevant de tous les coeurs. Et il s'en dégage un accent sublime, merveilleux, ineffable. Il passe dans cet éljen une prière, des sons de cloche, le bruit des flots, de la tendresse et aussi comme un parfum de fleurs. Alors le visage majestueux, jusque-là insensible, s'anime. Doucement, presque imperceptiblement, elle s'incline en signe de gratitude.

(Dans le livre, il s'agit d'un compte rendu d'un quotidien de Budapest nommé Pesti Hirlap, sur la réception solennelle du parlement hongrois, là où Elisabeth se montre pour la dernière fois.)

"Vingt ans, et alors ! (Contre quoi faut-il encore se rebeller ? ou Faut-il encore se rebeller ?)" de Don Duyns. (Je me suis occuper de la ponctuation pour la mise en forme, mais dans l'original, il n'y en a pas.)

"VIE COMMUNE"
**
"Je me sens si seul, je me sens si terriblement seul. Chaque matin cette même tête devant la glace, des yeux délavés à force de regarder, une tronche pâlotte... Quand est-ce que j'ai ris pour la dernière fois ? Il y'a plus de trois mois. Ça ne rime à rien. Tous les ans, tout seul en vacances. Si seulement je pouvais téléphoner à quelqu'un, parler de tout ça pour trouver une solution, ensemble, lorsqu'il commence à faire nuit, que je ne me retrouve pas si seul... Un ami ou une amie pour discuter, faire du shopping, aller au cinéma ou simplement être dans ma chambre. Se taire ensemble, silence partagé. Mais je n'ai pas de copains ou de copines, je préfère ne pas avoir d'amis que d'avoir des amis pour les perdre plus tard. Ça me fait tellement peur qu'il n'y ait plus rien, donc je suis solitaire et malheureux, mais pas trompé. Solitaire et seul. Mais pas trompé."

"Des contacts spontanés, simplement parler avec les gens, être ouvert aux autres. Sympa, papoter dans une ambiance conviviale, échanger des idées, des sentiments. L'amitié est un atelier, toute la vie est un atelier. De quelle façon connaît-on quelqu'un ? Quand est-ce que je peux appeler quelqu'un "un ami" ? La crainte. Le désir. Ce qui se passe dans la tête de l'autre... Qu'est ce que j'en sais moi, en qui avoir confiance ? Ça c'est une relation, ça aussi. Mais lui, lui c'est ami. Lui, je peux l'appeler de Tokyo quand je suis sans le sou... façon de parler. Il vient me voir tout de suite, le prochain avion, tu vois ? Ça c'est l'amitié pour moi, une vraie amitié. Le reste n'est que remplissage. Convivialité. Flou. Vague. Dieu..."

"Parfois... parfois nous ne nous téléphonons pas pendant des mois, ça ne fait rien, ça doit pouvoir se faire. Puis d'un coup, schlague, boum, ça y est, nous nous fréquentons d'un coup, pendant trois semaines. D'un coup. Chaque jour, chaque nuit, une fête, et puis rien. Pendant une année. Tout ça, c'est possible. Le lien qui nous unis est si fort, depuis tout petits, toujours ensemble nous pouvons évoluer ensemble. Je sais, tout simplement. Je peux avoir confiance en elle, pas besoin d'avoir peur de trahison ou de tromperie. Tout s'arrange ensemble. Pas besoin de pleurer. Non."